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REFLEXIONS SUR LE CORONA VIRUS ET LE POC

 

 

Le démarrage du projet POC coïncide avec une période inédite dans le monde, les penseurs, économistes politiques se sont tous mis dans la prospective, mais il y a une certitude nous allons vers une nouvelle ère de l’après-COVID qui ne sera plus la même.

 

En effet , la dernière grande peste et les deux guerres mondiales avaient épargnés certains territoires.

 

La mondialisation du COVID nous a rappelé que nous sommes intrinsèquement liés et que nous sommes obligés de penser et d’agir  de  façon globale si nous voulons nous en sortir.

 

Si le virus s’est joué de toutes les frontières en dépit des restrictions et des replis nationalistes, qui peut affirmer qu’il est encore protégé par ses frontières ?

Du lancement de l’idée de ce projet à la réunion du premier comité de pilotage, le 11 mars dernier, beaucoup de nouveaux  éléments sont intervenus modifiant l’esprit initial qui était d’appuyer la police essentiellement.

 

Le nouveau contexte de l’après-COVID nous obligera à faire face à un nombre plus important de personnes vulnérables que la crise jettera sans aucun doute sous les griffes des criminels qui privilégient les moments d’incertitude  économique et politique pour dérouler leur entreprise diabolique d’exploitation d’êtres humains.

Le POC doit suivre ses mutations nouvelles pour une mise en œuvre efficace.

Lutter contre le trafic des êtres humains et la traite des personnes ne fera pas exception à cette règle d’adaptation. `

 

Certes, la feuille de route tracée est claire et nous devons nous y atteler parce qu’ il  y a l’obligation de rendre compte, mais les indicateurs (poursuites, enquêtes, baisse des départs) permettront l’évaluation  de notre action .

 

En plus, il nous faudra développer de la flexibilité dans la manière de travailler, avoir une vision globale de la problématique, de la créativité ne pas lésiner sur les moyens en ayant comme prisme des objectifs de résultats.

 

Je préconise une identité du POC  qui se construit par un dialogue constant et permanent entre toutes les parties impliquées, l’ouverture pour parer à l’imprévu autant que possible, l’explication, la formation et la sensibilisation qui vont accompagner l’efficacité de l’action sur le terrain.

La crise du COVID  nous a également rappelé que la prévention demeure une stratégie efficace, il nous faudra anticiper au possible sur les populations vulnérables pour les aider à ne pas tomber sous les griffes des exploitants.

 

Il faudra anticiper sur des formes nouvelles, plus diverses, plus insidieuses et plus lucratives de trafic d’êtres humains.

 

 

Je rappelle que la très grande majorité de ces situations d’esclavage moderne ne sont ni reconnues ni recensées parce que les victimes sont des personnes marginalisées et vulnérables, prises dans une économie souterraine qui prospère dans un environnement favorable, en l’absence de véritables politiques de prévention, de gestion ou de répression.

 

Les passeurs recrutent souvent les jeunes dans les zones pauvres et les exploitent sous toutes les formes possibles. Les défis pour combattre cet esclavage des temps modernes sont connus.

 

La méconnaissance de la législation en matière de traite  et sa faible mise en œuvre, l’absence de législation globale sur la traite et les questions liées au trafic illicite de migrants, et les problèmes de gouvernance primaire sous-jacents constituent des obstacles importants à la résolution de la Traite des êtres humains en Afrique.

 

Le phénomène de l’exploitation des êtres humains se heurte encore dans certaines contrées à des pesanteurs sociales ou des normes aux antipodes des principes d’égalité des droits humains favorisant ainsi cette activité dégradante de la dignité humaine.

 

 

Une mise en œuvre efficace du POC devra contribuer à rendre inhospitalier ce fléau des temps modernes.

 

Comme le COVID le trafic d’êtres humains doit être neutralisé à tout moment et même avant !

 

Cette chronique a été rédigée par le Docteur Mody Ndiaye, Secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes.